Cătălin Oprişan raconte l’histoire de Schuster, parti lors du match contre le Steau, le 7 mai 1986 : « J’ai pris un taxi quand il n’a pas atteint le penalty. Le conducteur ne savait pas quoi croire ! »


par Catalin Oprisan

Le chauffeur de taxi dit dans son esprit : “Loué Dame”, tout en regardant constamment dans le rétroviseur. “Est-ce que ces deux-là se moquaient de moi ?”. Nous sommes dans la nuit du 7 mai 1986. Séville, le FC Barcelone et le Steaua de Bucarest disputent la finale de la Coupe des Champions d’Europe, et il semble porter, sur la banquette arrière, Bernard Schuster, comme elle le connaît ainsi que sa femme Gaby. OK, sauf que le match n’est pas fini, car il l’entend à la… radio !!!


8 mai 1986. Aéroport El Prat, Barcelone. Les Catalans ont perdu contre Stella, aux tirs au but, Canarddam c’était un chérubin, mais le pôle de la discussion semble être un autre. Le président Josep Nuñez, furieux de rage, crie : “Schuster ne jouera plus jamais pour le FC Barcelone !”. Les séquences semblent coupées du film de Kusturica, n’est-ce pas. Je pense qu’ils sont réels à cent pour cent.

Faisons la lumière.

Bernd, “Bernardo”, comme l’appelait le journaliste espagnol, Schuster, n’est pas un saint. Même pas proche. A 21 ans, il était titulaire pour l’équipe nationale allemande, championne d’Europe en 1980, dans l’équipe de Jupp Derwall, avec des gars comme Toni Schumacher, Stielike, Karl-Heinz Rummenigge ou Klaus Allofs, 2-1 en finale contre Belgique.

Ensuite, l’entrée criminelle de Goikoetxea l’a laissé chez lui à la Coupe du Monde 1982 – il a déclaré que “c’est simple soit tu vas à Bilbao, soit la guerre en Corée” – parce qu’il est proche d’un “amical” avec l’Albanie, un an plus tard, pour refusez l’invitation, car son troisième enfant est né. Il a pris sa retraite de l’équipe nationale après seulement 21 matchs, même si on lui prédisait un brillant avenir.

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Il signe au FC Barcelone en 1980, directement en provenance de Cologne. Il s’est mis en colère contre l’entraîneur Udo Latek et “s’est saoulé”, mais les officiels catalans ont mis une serviette sur le tambour, car l’Allemand était une pièce importante dans le vestiaire.


Le 7 mai 1986, à Séville, le Barça affronte le Steaua. A la 85ème minute, l’entraîneur Terry Venables décide de remplacer Shuster par Moratalla, afin de tenter une passe inspirée au milieu dans les derniers instants. Bernd va directement… au vestiaire, il ne pense pas un instant qu’il veut s’asseoir sur le banc. Partez pendant le jeu ! Il sort dans la rue avec sa femme Gaby et demande au chauffeur de l’emmener à Carmona, à environ 30 kilomètres de la ville, où Barcelone a tiré.

Sur gazon, il y a une séance de tirs au but. En tourisme, le conducteur ne sait pas grand chose. ” Shuster, qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ne joues pas ?”, vient la question.


“J’ai joué, ils m’ont changé, alors allons à l’hôtel !”, le dialogue arrive. “J’avais l’impression que cet homme ne savait pas quoi croire. Pensez-vous que quelqu’un se moque de lui ?dirait un footballeur, dans quelques années. “Il se regardait toujours dans le miroir. Le feront-ils ou non ? J’ai été!”. Le couple arrive à la chambre, fait ses valises, se rend à l’aéroport et via Madrid arrive à Barcelone devant l’équipe.


« Ce n’était pas une idiotie momentanée. Au fond, toute l’histoire, assez étrange !”


Bernd Schuster


Lors du banquet d’après-match qui, selon certains Catalans, “transformé en enterrement”, Venables est en conversation avec le président Nunez, dans le coin. Il ne descend même pas bien des escaliers de l’avion, parce qu’il l’annonce “Schuster ne jouera plus au FC Barcelone !”. Immédiatement, Gaby, sa femme, qui est aussi son manager, commence à recevoir divers appels téléphoniques, en pleine nuit : tantôt de Marseille, tantôt du PSG…


Il n’est plus le bienvenu à l’entraînement !

Le dimanche après la finale est un jour d’entraînement. Samedi, Schuster appelle Rodolfo Peris, employé du club, pour lui demander à quelle heure il doit venir. “Bernardo, avec tout le respect que je vous dois, le président a dit que vous n’aviez rien à faire, fermons la porte !”. Tonnerre et éclairs allemands ! “Je ne peux pas me retirer de l’équipe par téléphone, je veux quelque chose d’écrit, quelque chose d’officiel !”.

La tempête est forte : la Coupe d’Europe est perdue, un joueur clé quitte le terrain pendant le match, donc Nunez s’empresse de réduire l’intensité du feu, annonçant le transfert de Gary Lineker, d’Everton.


“Nous avons commencé à nous habituer à de tels jeux, entre Bernd et la direction. Nous nous en sortons, même si jusqu’à un certain point, nous ne pouvons pas dire que cela ne nous touche pas !”


José Ramon Alesanco, le “capitaine” de l’équipe

A l’entraînement, l’Allemand descend de sa “Opel” blanche. Il entre dans les vestiaires mais n’est pas autorisé à s’entraîner. Restez environ 15 minutes, découvrez quoi et comment et c’est tout ! Poursuivre le club en justice, les Catalans tiennent le coup ! Il manquera… un an et demi des fêtes officielles. Lors de la saison 1986-1987, à sa droite, dans les matchs joués, ceux qui comptent, apparaît… zéro !

Il est vivant avec Andorre, avec Gimnastic, Sabadell ou Figueres, mais ce ne sont que des matchs amicaux. Il reste en Liga jusqu’au 30 août 1987, date à laquelle il revient contre Las Palmas. Il réalise une bonne saison, mais il est clair que son engagement finira par disparaître. Et c’est ce qu’il fait, avec la destination… Real Madrid. Il a récolté 241 matches et 89 buts !

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